Archive pour septembre, 2005

deux roues, deux neurones

Posted in Non classé with tags , on septembre 27, 2005 by yonggook

8h30 du matin, Paris, les embouteillages. J’essaie de me faufiler habilement au milieu des grosses berlines engluées dans la circulation et qui n’osent pas risquer une manoeuvre qui pourrait mal se terminer pour leurs belles carrosseries métallisées. Dernier feu rouge avant d’arriver à destination et d’entamer le second travail d’Hercule: trouver une place de parking. Un deux roues s’arrête à ma hauteur. Son conducteur, un homme d’une quarantaine d’année, me fixe de ses yeux bleus, et je le sens immédiatement: son regard exprime un sentiment de franche hostilité.
Animé d’une volonté de courtoisie et de compréhension inhabituelle chez moi lorsque je suis au volant à Paris, je me surprends à imaginer que peut-être, l’attitude hostile de cet individu résulte d’une inattention de ma part qui aurait conduit à une situation périlleuse pour lui: une queue de poisson involontaire, un freinage brusque, que sais-je?…
Décidé à lever tout malentendu et même, à m’excuser pour toute agression involontaire, je décide d’engager un dialogue que j’espère constructif: « un soucis? » demandé-je, en prenant soin de bien articuler pour qu’il m’entende au travers de la vitre de ma voiture. Aucune réaction. « Un soucis?!! » répété-je, en exagérant davantage ma prononciation, afin de m’assurer que son silence n’est pas dû à son incompréhension… Aucune réaction. Suis-je bête, il porte un casque. Comment espérer qu’il m’entende au travers de son casque et de ma vitre? Je décide de briser l’un de ces deux obstacles, baisse ma vitre, et reprends notre dialogue constructif: « UN SOUCIS???!!!!!! » Notre ami à deux roues demeure immobile, impassible, les deux mains aggripées à son guidon et son regard haineux toujours résolument fixé sur mon humble personne.
Ca y’est, ça m’énerve. Qu’est-ce qu’il a cet abruti, à m’agresser avec son regard de psychopathe dès le matin??? Deux options s’offrent à moi: remonter ma vitre et aussi le son de la radio sur France Info avec la douce voix de Jean Pierre Gaillard m’annonçant que mes actions ont pris 15% la veille pour me calmer, ou alors insister plus lourdement pour savoir ce qui turlupine deux-roues. Je décide d’opter pour cette dernière option lorsque le feu passe au vert.
C’est alors que deux-roues se décide à briser son silence mystérieux et irritant. Il se penche vers moi et d’une voix nasillarde me dit: « retourne dans ton pays! », puis démarre en trombe pour me semer le plus rapidement possible. Je reste scotché et le regarde fuir, sans avoir le temps de trouver la juste répartie.
C’est là que nos chemins se séparent: lui continue tout droit, alors que je tourne à gauche. Il va maintenant falloir trouver une place en oubliant cette malheureuse rencontre avec celui que j’ai choisi d’appeler « deux roues, deux neurones »…