Archive pour famille

Dépasser ses parents

Posted in Uncategorized with tags on septembre 28, 2009 by yonggook

Quels parents n’espèrent-ils pas que leurs enfants soient meilleurs qu’eux une fois adultes? Même les plus brillants veulent y croire : « mes enfants me dépasseront un jour. » Pas forcément selon des critères tangibles: ni nécessairement plus riches, plus puissants, ou plus reconnus. Simplement qu’ils se sortent mieux des épreuves qui jalonneront leur vie et qu’au final, ils se sentent plus heureux.

Quels parents n’espèrent-ils pas que leurs enfants ne répètent pas les mêmes erreurs qu’eux? Même les plus pessimistes veulent y croire: « mes enfants éviteront les pièges dans lesquels je suis tombés. » Parce qu’ils seront là pour les accompagner dans toutes les épreuves qui jalonneront leur vie afin qu’au final ils s’en sortent mieux.

Voilà donc le paradoxe qui tourmente l’esprit des parents: vouloir laisser sa progéniture libre de les dépasser, tout en espérant qu’elle écoutera la voix de leur expérience pour ne pas s’égarer dans les erreurs commises soi-même.

Entre ces deux options, comme me le disait une amie jeune maman, le choix est pourtant clair: si l’on attend d’un enfant qu’il suive à chaque fois l’avis de ses parents, il pourra au mieux les égaler, mais jamais les dépasser.

Accepter que son enfant désobéisse parfois pour qu’il ait une chance de le dépasser; être si conscient de ses limites qu’on laisse le libre arbitre se son enfant triompher parfois de ses propres certitudes: être un bon parent est finalement d’abord question d’humilité et de regard sur soi.

A tout à l’heure

Posted in Uncategorized with tags on août 17, 2008 by yonggook

Je le regarde s’éloigner, suivant d’un pas assuré le zig zag qui mène aux postes de douane. Il n’y a pas foule. On lui indique qu’il peut passer par le poste réservé aux citoyens de l’Union Européenne, alors que lui est citoyen coréen. Un coup d’oeil négligent à son passeport et le voilà prêt à passer le contrôle de sécurité. Il se retourne, me cherche du regard, me trouve en train d’agiter les bras dans sa direction, et me fait un « va-t-en, rentre vite chez toi » de la main.

Bien sûr, je ne l’écoute pas et reste planté derrière la barrière de sécurité, pour apercevoir jusqu’à la dernière miette de sa silhouette qui disparait progressivement dans la foule de voyageurs. Lui aussi, sait que je ne suis pas parti, qui se retourne pour me chercher une nouvelle fois du regard, et pour répéter son geste.

Rester jusqu’au bout; jusqu’à ne plus rien distinguer d’autre qu’un chapeau, le sien me semble-t-il, parmi la foule de voyageurs affairés. Telle est la tradition dans ma famille: se quitter souvent, s’éloigner beaucoup, mais suivre du regard celui qui s’en va. Jusqu’à l’horizon.

A tout à l’heure papa,

vivre boire et mourir

Posted in Uncategorized with tags , on juin 26, 2008 by yonggook

Il existe deux manières d’exprimer son affection à un père qui boit trop: le réprimander à chaque fois qu’il tente de lever le coude, ou le laisser boire mais le raccompagner chez lui sain et sauf une fois qu’il est ivre mort.

On peut comprendre les deux attitudes. Les partisans de la réprimande font preuve d’exigence. Celle qu’on impose seulement à ceux qu’on aime. Ces réprimandes là valent plus chers que n’importe quelle indulgence, car il ne s’agirait pas d’indulgence, mais de négligence, voire d’indifférence que de ne pas ponctuer chaque gorgée de vin du paternel d’un: « papa, arrête de boire comme ça, tu vas te ruiner la santé! Tu veux voir grandir tes petits enfants oui ou merde?  » Et qu’importe si un verre de plus ou de moins n’aura que peu d’incidence sur la santé d’un père au crépuscule de sa vie. Au contraire, ne pas le lui reprocher serait capituler face au temps qui passe.

Oui mais voilà pensent les partisans du laisser-faire, le temps passe sans qu’on ne puisse rien y faire. Et le papa, comme la maman, finit par mourir avec ou sans alcool. Lui reprocher ses excès, c’est se cacher derrière l’illusion confortable que l’alcool entraîne la mort, alors qu’en fait, c’est la vie qui entraîne la mort. Alors laissons-le terminer sa vie comme il l’entend: complètement bourré s’il en a envie, avec quelques jours d’avance ou de retard, quelle importance, pourvu que ces derniers jours soient remplis de bonnes choses, à défaut d’être éternels.

J

Posted in Non classé with tags , on juin 25, 2008 by yonggook


J drinks bloody mary at brunch, as many americans allegedly do, and can’t believe wine loving French people have boring orange juice and coffee instead.

J will probably forever be remembered by the Cafe of charbon’s barman, as he had never served bloody mary with brunch to anyone before.

J is found on her blog, gmail, im, facebook, twitter, linkedin, dopplr, tripit, skype, but never at home.

J types so fast and vigorously on her laptop that the sound could be used as a machine gun sound effect for a war movie.

J thinks her father drinks a lot, but rather than chide him, she would drive him home and put him to bed once he’s smashed.

J’s sentimental life is complicated right now.

J ate all the pickles in my fridge.

J is the youngest daughter of one of my mother’s mother’s brother’s son. That is how we are related.

DJ

Posted in Non classé with tags , on avril 14, 2008 by yonggook


Mon cousin DJ s’allume une cigarette en sortant du musée d’art moderne de Seoul, où deux de ces oeuvres sont exposées et me tend son paquet:

– « T’en veux une? »
– « Non merci, je ne fume plus. »
– « Ah bon? Mais tu as arrêté quand? »
– « Oh, à peu près il y a 8 ans… »

8 ans que j’ai arrêté la clope et mon cousin, le fils aîné du frère de ma mère, n’est pas au courant. Parce que ça fait 14 ans que nous ne nous sommes pas vus. 14 ans sans aucun contact. 14 ans de vies radicalement opposées, à parler des langues différentes, à rencontrer des gens sans rapport, à vivre dans des mondes éloignés.

Pourtant, nos retrouvailles ne sont ni étranges, ni particulièrement émouvantes. Elles sont simples comme cette bière bon marché partagée dans un bar reculé du fin fond de Seoul, au fin fond de la nuit. Simples comme de se retrouver après tant d’années, et de constater que malgré tout, nous partageons l’essentiel pour nous comprendre: ces détails qui nous font sourire ou vibrer. Comme ce concerto #1 pour piano de Brahms enregistré lors d’un concert d’Hélène Grimaud, et qui nous émeut tant parce qu’en l’écoutant attentivement, on l’entend respirer.

Vinaigrette(s)

Posted in Non classé with tags , on février 6, 2008 by yonggook

Après quelques expérimentations culinaires malheureuses inspirées d’un livre de recettes pour enfants s’intitulant « Les desserts sans maman », la sauce vinaigrette a été ma première réalisation en cuisine. Depuis, je prends toujours autant de plaisir à la faire.

Au début, la vinaigrette est rudimentaire: une portion d’huile, une demi portion de vinaigre, sel et poivre.

Puis, on découvre qu’en ramenant les proportions à 1/3 de vinaigre pour 2/3 d’huile, la vinaigrette s’adoucit. On se rend compte aussi que certains ingrédients que l’on considérait indispensables peuvent être supprimés: le citron remplace un jour le vinaigre, puis peut disparaître à son tour au profit de sauce ponzu ou de soja, ce qui entraîne le remplacement de l’inamovible huile d’olive par de l’huile de noix ou de sésame.

Vient ensuite le moment où l’on découvre qu’il existe d’autres ingrédients capables d’enrichir la sauce: la moutarde et les échalottes la relèvent, quelques gouttes de lait ou de crème lui procurent épaisseur et douceur, la ciboulette ou l’estragon l’enrichissent de subtiles saveurs.

Je me souviens qu’étant jeune lycéen je défiai mon cousin de 10 ans plus âgé que moi dans un concours de vinaigrette. J’étais sûr de mon coup et serein, certain que ma vinaigrette à la moutarde surpasserait n’importe quelle vinaigrette au monde. D’autant que j’avais récémment apporté une innovation majeure à ma recette: l’utilisation d’une fourchette en lieu et place de la cuillère pour le touillage, qui procurait l’assurance d’une vinaigrette à l’onctuosité irreprochable.

Aujourd’hui, j’avoue que la vinaigrette de mon cousin était meilleure: plus riche, plus subtile, bref, d’une autre dimension. Parce qu’une vinaigrette, c’est un peu comme une personnalité: elle s’étoffe et évolue au fil des années et des expériences.

vu, lu ou entendu cette semaine

Posted in Uncategorized with tags , , on mars 6, 2007 by yonggook

J’inaugure ici un post hebdomadaire de choses vues, lues ou entendues.

Une image, ou une phrase gravée chaque semaine dans ce blog, en hommage à toutes celles qui nous interpellent avant de se perdre dans l’oubli.

Désolé, j’entame cette tradition par une pensée macabro-mystique que l’on m’a envoyée par email. J’ai beau chercher, c’est celle-ci qui m’a le plus interpellé:

« La vie est une succession de rencontres et de séparations. Puisque nous arrivons seuls en ce monde et que nous le quitterons seuls, peut-être est-il préférable de connaître des séparations tout au long de sa vie, comme un entraînement pour la séparation éternelle. »

Et en VO
« 인생살이가 언제나 만나고 헤어지는 일의 연속이네. 누구나 혼자 왔다 혼자 가는 것이니, 아주 영영 헤어지는 연습을 미리 해두어야지, 나중에 더 잘 견딜 수 있겠지. »

A méditer…
Avec modération…

Paris est toujours en fête

Posted in Non classé with tags , on janvier 17, 2007 by yonggook

« Paris est toujours en fête » répète mon père à chaque fois qu’il est à Paris, pensant reprendre une citation de Cocteau.

Il semblerait que Cocteau ne soit pas l’auteur d’une telle phrase. Mon père s’est sûrement approprié le titre français de l’autobiographie d’Hemingway « Paris est une fête », ainsi que le « Paris sera toujours Paris » de Maurice Chevalier, pour clamer son « Paris est toujours en fête ».

Sur le pont piéton reliant la rive gauche à Notre Dame, par un après-midi d’hiver doux et ensoleillé, le saxophoniste cotoie les rollerbladers. Ces derniers étalent leur talent aux yeux des passants, à coup de figures artistiques et de slaloms multicolores. Le saxophoniste joue « You go to my head » pour le plus grand plaisir d’un couple d’Italiens.

Ce couple s’improvise danseurs d’un moment, ne résistant pas à l’envie d’honorer cet air de jazz d’un slow maladroit au début, langoureux à la fin. Les passants eux, s’improvisent photographes pour immortaliser ce Paris en fête.

Cet épisode me renvoie dix ans en arrière, par un soir d’été pluvieux où, marchant près du Jardin du Luxembourg, je croise un couple abrité sous un porche, dansant un slow amoureux. Pour seule musique, les rires et applaudissements de leur enfant dans une poussette, spectateur privilégié de l’instant où se mêlent tendresse et beauté.

Hiver ou été, soirée ou journée, pluvieux ou ensoleillé, Paris est toujours en fête.